[ENTRE NOUS] #26
Maya Michalon
est modératrice de rencontres littéraires et, depuis deux ans, éditrice pour
l’Ecole des loisirs. Avant cela, Maya a eu milles vies ou presque, dont
quelques unes dans le paysage forcalquiéren, notamment au sein de la dynamique association
Croq’livres et de la fête du livre jeunesse qu’elle organise. C’est pourquoi
nous connaissons bien Maya. C’est pourquoi nous l’apprécions autant. Pour sa
justesse, son humour, et son indéfectible volonté de transmettre les mots et
les univers contenus dans les livres.
[Ce temps de
confinement et d’intériorité est-il propice à la créativité ?] Je ne suis pas très créative mais j’ai réussi
à coudre trois fleurs japonaises en tissu dimanche dernier. Ça m’a pris
l’après-midi. Elles sont un peu molles. Et je ne sais pas trop quoi en faire.
[Sur quel
projet travailles-tu actuellement ?] Je lis des manuscrits de romans pour les ados et les enfants.
Je travaille avec les auteurs pour que certains textes deviennent des livres
lorsque nous aurons tourné cette page.
[Une source
d’inspiration dans ce contexte ?]
Thomas Pesquet : respect. Mon compagnon et sa sagesse de casanier :
il place ses actions dans le potager et le poulailler.
[Une musique
qui fait du bien ?] Une
seule ? « Think » d’Aretha Franklin. Le son au max. L’été des 4 saisons de Vivaldi. Et
puisque ça restera [Entre Nous], « Allumer le feu » de Johnny. Pour brailler en famille « il
suffiraaaaaa d’une étincelle ».
[Un film auquel
tu penses beaucoup ?]
Le goût des autres.
[Un bruit qui te
rassure ?] Le bruit
des aiguilles de notre horloge. Elles avancent encore. Je vérifie
régulièrement.
[Une sensation
qui te manque ?]
Prendre mes amis chéris dans mes bras.
[En ce moment, ton
principal trait de caractère ?]
L’exigence (je voudrais qu’avant la fin du confinement mon fils tienne
bien sa fourchette).
[Ce que tu apprécies
le plus chez tes voisins ?]
Leur sourire tous les jours.
[Ce que tu
détestes chez eux ?]
Leur chien.
[La pensée qui te
traverse le plus souvent ?]
J’espère qu’après le confinement nous vivrons moins cons et plus finement.
[Le livre qui
manque à ta bibliothèque ?]
Si vraiment il ne faut en citer qu’un : Chez soi : une odyssée de l’espace domestique de Mona Chollet
(La Découverte), Les ronces, de Cécile
Coulon (Le Castor astral), Née contente à
Oraibi de Bérengère Cournut (Le Tripode), Avant que j’oublie d’Anne Pauly (Verdier), Ce qu’elles disent de Miriam Toews (Buchet-Chastel) …
[Et celui que tu
es heureuse d’avoir…] Belle du seigneur d’Albert Cohen. Ça
fait 25 ans que je ne l’ai toujours pas lu. Le
discours de Fabcaro. J’ai fini de le lire mais toujours pas de le rire.
[Tes lectures
sont-elles différentes en ce moment ?] Elles sont
particulièrement riches en oxygène. Et me permettent de sortir sans
autorisation.
[Sur ta table
de chevet, il y a…] Là, avait dit Bahi de Sylvain Prudhomme.
Premier arrêt avant l’avenir de Jo
Witek. Transalpin de Vincent Jolit. Kinderzimmer de Valentine Goby. Et la lumière fut de Jacques Lusseyran.
[La dernière
phrase que tu aies lue ?]
« moi aussi j’aurai la paix et je serai libre de grimper tant que je
voudrai dans mon camion pour m’en aller le matin par les routes, » dans Là, avait dit Bahi de Sylvain Prudhomme
(Par les routes est le titre de son
dernier roman…).
[Nous
te laissons carte blanche pour réaliser la vitrine de la Carline, que choisis-tu ?] un
entassement de tous les livres prisonniers des étagères et des cartons depuis
des semaines, dans une belle pagaille. Une pancarte : « Ici aussi il
y a urgence !»
[Une
astuce ? Un « bon plan » de confinement ?] Du sport régulièrement. Les semaines qui viennent
vont être musclées.
[Si tu avais le
choix, aujourd’hui, tu serais…] Confinée
avec Bradley Cooper.
[Une urgence,
là, maintenant ?] Penser
à ceux qui y sont, aux urgences. Les malades, les soignants.
[A l’heure
actuelle, selon toi, la meilleure chose à faire ?] Rester chez soi. Ne pas prendre le temps
comme un adversaire mais comme un compagnon. On se plaint toujours de lui
courir après. Pour une fois qu’on peut le rattraper.
[Une question
que l’on oublie de poser ? Et quelle serait ta réponse…] Que confirme le confinement ? Que les
livres, les films, la musique sont des biens de première nécessité. Imaginons nos
journées enfermées sans ces respirations, ces ouvertures qu’ils nous donnent. La
médecine sauve des vies. La culture aussi.