[ENTRE NOUS] #13
Gaëtan
Dorémus est auteur et illustrateur d’albums pour la jeunesse. Il en commet
d’ailleurs souvent, et chez de nombreux éditeurs très différents. Gaëtan est
doué pour tous les styles, ses albums sont drôles, doux, grinçants, engagés… Le
plus récent Ninon, petite fille modèle est une petite merveille un
tantinet gothique qui réjouit les enfants, publiée aux éditions les Fourmis
rouges. A part ça, il partage son
atelier avec Benjamin Chaud. Quand ils ne sont pas
confinés chez eux.
[Ce
temps de confinement et d’intériorité est-il propice à la créativité ?] Pas du tout : je dois faire en 2
jours et demi ce que j'avais prévu de faire en 5 par semaine. Le reste du temps
est une aventure nouvelle : devenir instit de maternelle, primaire et prof
de collège en même temps.
[Sur
quel projet travailles-tu actuellement ?] Je viens de finir d'illustrer Le chien
sans nom, un roman jeunesse de Joël Egloff, et là je dessine un autre
roman : Lou a oublié sa tête, de Denis Baronnet, et je travaille en
même temps à Rosie, album qui suit les pérégrinations d'une minuscule
araignée.
[Une
source d’inspiration dans ce contexte ?] Ce contexte m'empêche plutôt de penser, il m'aliène. Et
renforce cette conviction que l'organisation humaine actuelle va contre le
monde. Et que ça n’est jamais perdu pour tout le monde (relire La stratégie
du choc, de Naomi Klein)...
J'écoute
la radio quand je dessine : documentaires, fictions. Dernièrement une
belle flopée d'épisodes des pieds sur terre et puis j’écoute mes disques.
[Une
musique qui fait du bien ?]
Tindersticks : no treasure but hope
Bill
Callahan : shepherd in a sheepskin vest
[Un
film auquel tu penses beaucoup ?]
Au loin s'en vont les nuages, d’Aki Kaurismaki
[Un
bruit qui te rassure ?]
Le vacarme des bourgeons
[Une
sensation qui te manque ?]
Les copains
[En
ce moment, ton principal trait de caractère ?] La frustration
[Ce
que tu apprécies le plus chez tes voisins ?] Leur disponibilité
[Ce
que tu détestes chez eux ?]
Leur disponibilité
[La
pensée qui te traverse le plus souvent ?] L'envie d’exploser la gueule à plein de
gens, mais aussi d'en prendre plein d'autres dans mes bras
[Le
livre qui manque à ta bibliothèque ?] Je ne le sais pas encore
[Et
celui que tu es heureux d’avoir…]
Forêt furieuse !
[Tes
lectures sont-elles différentes en ce moment ?] Pas le temps de lire beaucoup, j’ai pataugé depuis 3
semaines dans un récit de vie dans les grands espaces américains. Et là je
viens de lire Le camp des autres de Thomas Vinau, c’est
magnifique !
[Sur
ta table de chevet, il y a…]
les 3 derniers monde diplos, un recueil de pleins d'histoires de Jack London, le
taureau par les cornes de Morvandiau, des romans avec de la forêt, de l’air
et de la réinvention de mondes dedans.
[La
dernière phrase que tu aies lue ?] « Votre guerre. Votre champ. Votre messe. Votre progrès,
votre empereur, votre république. Rien n’est à nous à part le vent dans les
ventres et le noir dans les dents. Nos enfants viendront au monde avec des
canines plein la gueule. Nous avons faim et c’est vous que nous
mangerons. » dans Le camp des autres.
[Nous
te laissons carte blanche pour réaliser la vitrine de la Carline, que
choisis-tu ?] Je choisis de mettre des livres qui me parlent, original,
hein !
[Une astuce ? Un « bon
plan » de confinement ?]
Les podcasts de France Culture, les grands reportages radio de Mermet, à
réécouter sur la-bas.org
[Si tu avais le choix, aujourd’hui, tu
serais…] En train de me
promener dans la montagne
[Une
urgence, là, maintenant ?]
Je vais aller jouer au pingpong avec mon fils.
[Une
question que l’on oublie de poser ? Et quelle serait ta réponse…] Non. Parce qu’on ne me pose jamais cette
question.