[ENTRE NOUS] #9

Nathalie Bernard est une autrice exceptionnelle. Ses romans pour adolescents, publiés aux éditions Thierry Magnier, dégagent une force et une noirceur absolument époustouflantes. Dans des décors de grands espaces où évoluent des héros qui n’ont pas froid aux yeux (malgré les terribles épreuves auxquelles ils font face), Nathalie Bernard, c’est indéniable, sait parler aux jeunes lecteurs. Son dernier roman, Le dernier sur la plaine, publié aux éditions Thierry Magnier, a obtenu la Pépite de la Fiction Ados au salon du livre de Montreuil en 2019.


[Ce temps de confinement et d’intériorité est-il propice à la créativité ?] Propice n’est pas le mot. Comme tout est arrêté, qu’on flotte dans une sorte d’irréalité, il faut plutôt se booster pour créer. Ce n’est facile car on ne sait pas comment on va se sortir de cette crise (sociale, existentielle, financière).

[Sur quel projet travaillez-vous actuellement ?] J’ai terminé les corrections des textes à paraitre en aout et septembre chez Thierry Magnier. J’avance sur des nouvelles que j’avais entamées sur le thème des ours et en parallèle, j’ai commencé à écrire un texte avec ma fille. Cest une fiction qui se déroule en ville durant le confinement et on samuse plutôt bien… :-)

[Un film auquel vous pensez beaucoup ?] La série The Walking Dead que j’ai beaucoup regardée. Je crains toujours cet effondrement, ce moment où la civilisation s’efface devant la barbarie. Malheureusement, lorsqu’il s’agit de survie, l’humain peut vite devenir un monstre. 

[Un bruit qui vous rassure ?] Le chant des oiseaux de mon jardin.

[Une sensation qui vous manque ?] Nager (à la piscine municipale l’hiver et dans la mer ou les lacs l’été).

[En ce moment, votre principal trait de caractère ?] Entre déprime et enthousiasme. Oui, limite bipolaire.

[Ce que vous appréciez le plus chez vos voisins ?] J’ai surnommé mon voisin Monsieur Burns, comme dans les Simpson. Ce que j’apprécie le plus chez lui, c’est son absence. 

[Ce que vous détestez chez eux ?] La barrière électrique qu’il a installé autour de chez lui et le produit chimique qu’il pulvérise sur son gazon vêtu d’une tenue de cosmonaute.

[La pensée qui vous traverse le plus souvent ?] Après le confinement, j’espère que nous ne voudrons pas juste reprendre nos emplois du temps sans rien changer à nos habitudes…

[Le livre qui manque à votre bibliothèque ?] Je ne supporte pas qu’un livre me manque et je commande exceptionnellement sur la FNAC. Je me rattraperai auprès de mes libraires préférés après tout ça.

[Et celui que vous êtes heureuse davoir…] Walden, que je voulais lire depuis longtemps sans jamais prendre le temps de le faire.

[Vos lectures sont-elles différentes en ce moment ?] Bizarrement, je lis pas mal de trucs sur la fin du monde et, bizarrement, ça me rassure (certainement parce qu’en général les héros s’en sortent). 

[Sur votre table de chevet, il y a…] Là, tout de suite, Walden.

[La dernière phrase que vous ayez lue ?] La dernière que j’ai souligné : « En matière de mode de vie, j’avais du moins cet avantage sur tous les gens qui sont obligés d’aller quérir leurs divertissements à l’extérieur -dans le  monde ou au théâtre- que ma vie elle-même était devenue mon divertissement, et ne cessait jamais de se renouveler. »

[Nous vous laissons carte blanche pour réaliser la vitrine de la Carline, que choisissez-vous ?] Une vitrine spéciale Richard Wagamese.

[Une astuce ? Un « bon plan » de confinement ?] Danser tous ensemble une fois par jour.

[Une urgence, là, maintenant ?] Changer nos vilaines habitudes d’enfants gâtés et améliorer la qualité de la vie pour tous sur cette planète. Il y aurait pas mal à développer.

[A lheure actuelle, selon vous, la meilleure chose à faire ?] Rester chez soi.

[Une question que lon oublie de poser ?]
La bonne phrase lue dans la presse aujourd’hui… :
"S’il y a un monde fatigué et malade qui craque et s’effondre, il doit y avoir un monde neuf en gestation qui nous défie." (William Ospina, romancier colombien dans le Courrier International)