[ENTRE NOUS] #30

Émilie Pautus est libraire et grande lectrice. Nous avons fait nos armes ensemble à la librairie Le Square à Grenoble. Une expérience de quelques mois inoubliable qui aura forgé une grande amitié. Émilie est une libraire audacieuse, courageuse et admirablement obstinée. En 2017, elle a ouvert la librairie Les Grandes Largeurs, un lieu devenu incontournable de la vie arlésienne où elle s’est entourée d’une équipe de choc. Une librairie généraliste et indépendante comme on les aime avec des conseils aux petits oignons, des expositions, des rencontres et parfois même des concerts.


[Une source d’inspiration dans ce contexte ?] En ces temps troublés, je me tourne vers la philosophie pour m'inspirer et me faire respirer. Les philosophes m'aident à prendre du recul, à me questionner sur le monde en dehors de l'actualité, à essayer de vivre l'événement actuel avec un peu plus de sérénité.

[Une musique qui fait du bien ?] J'écoute beaucoup l'album Roseaux 2, un projet musical qui mélange jazz, gospel et musiques du monde. C'est une petite merveille. Chaque morceau fait voyager tout en passant du rire aux larmes. J'adore.

[Un bruit qui te rassure ?] Avec le beau temps printanier qui est arrivé, mes voisins ont ouvert leurs fenêtres et ces bruits de conversation, de vaisselle qui s'entrechoque, d'enfants qui crient, des rires parfois, ces bruits qui forment la vie urbaine d'habitude m'ont réjouie. Je ne ferme plus mes fenêtres désormais.

[Une sensation qui te manque ?]
Des bises sur les joues de mes amis.

[La pensée qui te traverse le plus souvent ?] En ce moment, je dirai « qu'est-ce qu'on mange ce soir ? ». C'est une manière comme un autre de prendre un jour après l'autre, en essayant de se faire plaisir.

[Tes lectures sont-elles différentes en ce moment ?] En tant que libraire, il est parfois difficile de trouver le temps de lire de bons gros livres. On tourne autour longtemps sans jamais oser s'y attaquer. Je profite donc du confinement pour lire l'incroyable somme de Guy Bechtel, "La Sorcière et l'Occident" paru chez Plon. 1300 pages qui font voyager dans l'histoire, qui mettent à mal bon nombre de préjugés et qui, à certains moments, tel un bon polar, glacent les sangs.

[Sur ta table de chevet, il y a…] Encore et toujours des piles de livres. Elles sont tellement hautes qu'elles défient le temps. Ça me rassure de me dire que quel que soit le temps du confinement, je n'arriverai pas à en voir le bout.

[Une urgence, là, maintenant ?]
Prendre ma voiture, rouler vitres ouvertes jusqu'à Forcalquier et vous prendre dans mes bras.