la rentrée littéraire de la Carline
Claudie Gallay
Actes Sud 2013
445
pages
22€
Quel plaisir de retrouver
Claudie Gallay à son meilleur, c'est à dire au niveau de
« Déferlantes », alors qu'elle nous avait un peu déçus
entre temps !
Elle sait comme personne
installer peu à peu une ambiance et une attente, par petites
touches, répétitions et retours sur les instants de vie partagés.
Ici, l'attente est au cœur
du roman : Carole revient dans la vallée de la Vanoise où elle
a passé son enfance ; elle y retrouve son frère et sa sœur,
avec qui elle attend le retour du père prodigue ; peu importe
qu'il finisse ou non par arriver, c'est l'attente qui compte, et les
moments partagés qui ramènent à l'enfance, et les paysages
traversés qui incitent à l'introspection.
C'est lent mais jamais
ennuyeux, c'est touchant et juste sur les rapports dans la fratrie,
c'est un morceau de vie magnifiquement écrit.
Sylvie Germain
Albin Michel 2013
240
pages
17€
A travers les souvenirs de
Lili, petite fille rêveuse et solitaire, dont on suit la vie sur une
50aine d'années, Sylvie Germain aborde les questions existentielles
qui traversent la littérature : qui suis-je vraiment, pour moi
et pour les autres, suis-je aimée, suis-je libre ? Questions
d'autant plus délicates pour Lili qu'elle a dû se construire dans
l'absence de sa mère, dont elle n'a qu'une photo à regarder avec sa
grand-mère et une vague histoire de disparition. C'est la première
des « petites scènes capitales » qui feront d'elle ce
qu'elle devient peu à peu sous la plume poétique et subtile de
Sylvie Germain.
Valentine Goby
Actes Sud 2013
224
pages
20€
Mila, jeune résistante, est
déportée à Ravensbruck alors qu'elle est enceinte. Elle découvre
l'horreur des camps, et la façon dont les femmes tentent d'y
survivre. Quand elle arrive à terme, elle découvre l'existence
d'une pouponnière à l'intérieur du camp, où les bébés sont
confiés à des prisonnières ; c'est l'horreur dans l'horreur :
on fait comme si c'était une garderie normale, mais les enfants y
meurent de froid et de faim en quelques jours et tout le monde le
sait !
Tout l'art de Valentine Goby
est de décrire les événements, les émotions et les sentiments de
façon à la fois poétique et glaciale, dans une langue virtuose et
bouleversante qui nous oblige à « voir » tout cela, et
de faire quand même une place à l'espoir et à la vie.